Asex­uel. Aucun désir. Aucune atti­rance sex­uelle. Selon une étude cana­di­enne de 2004, les asex­uels sont 1% dans le monde. Soit autant que les schiz­o­phrènes. Qual­i­fié par leurs défenseurs d’orientation sex­uelle, l’asexualité reste dif­fi­cile à cerner.

« Nous ne ren­con­trons pas d’asexuels en con­sul­ta­tion, puisqu’ils ne souf­frent pas », déclare Isabelle Turi­er, psy­cho­logue-sex­o­logue à Brest (Fin­istère). La douleur peut venir du fait de se sen­tir isolé, comme un extra-ter­restre. « Mais le sexe n’est pas vital », souligne-t-elle. Il suf­fit de s’accepter. Une femme est venue une fois dans son cab­i­net et a lâché : « En fait je ne pense pas avoir de prob­lème, mais mon mari m’a dit que je n’étais pas normale. »

S’ils peu­vent être très heureux en cou­ple, les dif­fi­cultés nais­sent quand les deux per­son­nes ne sont pas asex­uelles. Celle qui l’est peut par­fois se forcer à faire l’amour afin de sat­is­faire l’autre. Le désir d’avoir un enfant pousse à l’acte égale­ment. Même là, l’être n’éprouvera pas automa­tique­ment du plaisir. « Un homme ban­dera de manière machi­nale en le mas­tur­bant. » Sans désir, il a tou­jours ses hormones.

« L’asexuel a sou­vent une per­son­nal­ité très nar­cis­sique », selon la médecin-psy­cho­logue. Elle pré­cise : « Il est telle­ment cen­tré sur lui-même qu’il se suf­fit et n’éprouve pas un besoin sex­uel.» Pour Isabelle Turi­er, pas­sion­né par l’affectif, « il trou­vera son bon­heur dans l’esthétique et l’intelligence de l’autre lors d’une relation.»

Asex­ué. Vous avez bien lu, depuis toute à l’heure, il est ques­tion d’asexuel, et non d’asexué. L’erreur est fréquente, mais asex­ué sig­ni­fie que l’espèce peut se repro­duire sans l’intervention d’un autre indi­vidu du sexe opposé. En bref, le terme ne con­cerne pas les humains.

Le sexe, tu refuseras

Amoureux pla­tonique. Autre con­fu­sion fréquente, l’amour pla­tonique est un désir sex­uel men­tal mais qui ne va pas se con­cré­tis­er physique­ment. Regrets, souf­frances, frus­tra­tions sont autant de con­séquences. His­torique­ment, c’est une con­cep­tion philosophique des rela­tions amoureuses. Ses adeptes refusent l’idée de l’épanouissement par le sexe, le fétichisme de l’orgasme et le culte de la performance.

Rela­tion sex­uelle tu n’auras pas, donc. Mais l’amour pla­tonique et l’asexualité sont encore dif­férents de l’abstinence sexuelle.

Absti­nent. Il veut du sexe. Il en a le désir. Il aurait voulu savoir ce qu’il pro­cure. Et pour­tant, il ne testera point. L’abstinent sex­uel se refuse à tout acte par choix. En cause, la cul­ture, la reli­gion, ou toute idéolo­gie quelle qu’elle soit. Pour Isabelle Turi­er, « le désir a ten­dance à aug­menter puisqu’il relève de l’interdit.» Elle ajoute, avec ironie : « Pourquoi croyez-vous qu’il y a autant de curés défro­qués ? » Pour elle, cette déter­mi­na­tion demande une force de car­ac­tère immense, qui implique quelques écarts.

Le sexe, tu regretteras

Impuis­sant. Après ceux qui choi­sis­sent de ne pas faire l’amour, il y a ceux qui subis­sent. Une honte aux yeux de la société : voici com­ment les hommes impuis­sants sont par­fois décrits. Alors la médecine préfère utilis­er l’expression « dys­fonc­tion érectile ».

« L’homme se sent déjà affaib­li, imag­inez dans quel état de fragilité il se trou­ve quand on le qual­i­fie d’impuissant », explique Dany Jawhari, médecin sex­o­logue à Dijon (Côte‑d’Or). La dys­fonc­tion érec­tile est l’incapacité à main­tenir une érec­tion sat­is­faisante lors d’un rap­port sexuel.

Pour Dany Jawhari, « c’est la seule fonc­tion, où quand il est touché, l’homme ne se sent plus homme ». Selon une étude améri­caine, un tiers des plus de 40 ans et la moitié des plus de 50 ans ont des trou­bles de l’érection. Sans compter tous les plus jeunes qui ne com­pren­nent pas « ce qu’il leur arrive. »

Dom­mage de ne pas en par­ler davan­tage selon lui. Surtout quand il entend les con­jointes crain­dre que ce soit un manque de désir envers elles. D’ailleurs, on ne dit pas qu’une femme est impuis­sante. Elles sont frigides.

Frigide. Quand une femme manque ou n’a plus de libido, elle est frigide. « Pour la gent mas­cu­line, le rap­port sex­uel est basique­ment : érec­tion, péné­tra­tion, éjac­u­la­tion. » Pour la femme, tout le reste compte davan­tage. Sen­su­al­ité, ten­dresse, caress­es, amour et sécu­rité sont néces­saires pour une stim­u­la­tion opti­male, selon le médecin-sex­o­logue. Mais si les caus­es diver­gent, les con­séquences sont les mêmes.

De l’homme à la femme, de l’impuissance à la frigid­ité, le maître-mot est souf­france. Tous deux con­nais­sent le plaisir, mais n’obtiennent plus une stim­u­la­tion assez forte. Le désir n’est plus. « Tout ce qu’ils veu­lent, c’est rede­venir nor­mal ».

Le risque pour Dany Jawhari, est le chemin vers l’abstinence sex­uelle. La peur de l’échec est telle que cer­tains renon­cent à leur sex­u­al­ité. Un échec passé, une rela­tion douloureuse avec des pannes à répéti­tion. Puis, il y a les patholo­gies. Le dia­bète atteint, par exem­ple, les artères autour de la verge. On n’ose plus. On bloque. On consulte ?

 

Crédit pho­to : © Blan­dine Garot